Les nouveaux besoins du marché à l’ombre de la 3G

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La téléphonie mobile en Algérie a fait l’objet d’une analyse pertinente notamment dans son volet développement économique lors du dernier club de presse de Nedjma qui a eu lieu le 21 septembre dernier. Ahmed Hamoui, expert en télécommunications, s’est en effet étalé sur cette question et a démontré que ce secteur est arrivé à saturation et qu’il faut introduire de nouveaux services pour le relancer de nouveau.

« Nous assistons à un tassement du secteur de la téléphonie mobile en général. Après des année d’euphorie et de croissance phénoménale, les réseaux ont tendance à connaître des ralentissements importants de leur croissance », a-t-il mis en évidence.   Et face à cette situation, l’orateur propose aux autorités de prendre des décisions et de ne pas rester au stade des effets d’annonce et  créer les conditions d’une activité multiple boostant en définitive le développement économique du pays.

Parmi les décisions que l’ARPT doit prendre et imposer, figure l’itinérance nationale (roaming national) car jusqu’à présent, le perdant est le consommateur. La probabilité que les trois opérateurs connaissent des défaillances techniques en même temps et à un même endroit est quasi nulle. Ce sujet est complètement évité de la part de l’APRT et semble préoccupée par d’autres sujets plus techniques (signature électronique par exemple).

Conserver le numéro en changeant d’opérateur

Deuxième proposition du conférencier : aller vers la portabilité des numéros. Une ancienne revendication de l’expert car cela va libérer le consommateur pour le choix de l’opérateur.  Il casse cette tendance qui laisse croire que les numéros appartiennent aux opérateurs alors qu’ils appartiennent à l’Etat comme les fréquences.
 
 La portabilité du numéro a donc pour objet de supprimer les entraves au libre choix des consommateurs, notamment entre les opérateurs de téléphonie mobile, et de garantir ainsi le développement d’une concurrence effective sur le marché des services téléphoniques.

 Ainsi, alors qu’on peut changer d’opérateur en conservant le même numéro en seulement 24 heures en Irlande ou à Malte, cela peut prendre 15 jours en Italie, voire 38 jours en Pologne. En ce qui concerne le France, le délai de portabilité des numéros mobiles est de 10 jours. L’expérience dans d’autres pays a montré un rééquilibrage  du marché entre opérateurs de 2% à 4 % en faveur de plus petits opérateurs.

Nouveaux services tissent leur réseau
Parmi les services à introduire figure le M Paiement pour les paiements des factures téléphoniques, de gaz et d’électricité ainsi que de l’eau par exemple. Dans ce domaine, le Kenya est un exemple à suivre. Près de 15 millions d’utilisateurs de ce système et près de 8 millions en Tanzanie.

Le M Education permet l’apprentissage à n’importe quel moment ou à n’importe quel lieu à l’aide d’un appareil mobile. Le M Santé permet de suivre l’état des patients à distance. En France, Orange propose de multiples applications aux personnes âgées et leur permet de continuer à vivre de façon indépendante. La téléphonie mobile permet d’accroitre l’accès à internet, aux réseaux sociaux et au développement de la publicité.
  
Mais face à ces perspectives, l’Algérie a-t-elle réuni les conditions d’un développement durable ? Le conférencier trouve que le nombre d’internautes est ridicule ainsi que le type d’accès. Il faut adapter la loi sur la monnaie et le crédit pour un usage réglementé de la monnaie électronique, introduire une politique fiscale favorable au développement des contenus mobiles et la création d’incubateurs et de parcs technologiques.

La 3G dans la précipitation
On parle en ce moment de la « 3G » qui va booster le secteur en Algérie. Mais cela dépend de la contrepartie financière exigée et surtout de la nécessité d’ouvrir les passerelles. Les coûts de location des circuits sont exorbitants du fait qu’ils ne soient pas soumis à la concurrence. Les accès sont figés avec l’obligation de passer par la France, l’Espagne ou l’Italie.

Algérie Télécom doit mettre en place un système d’accès national (régional puis local) à l’Internet avec une date d’atteinte des objectifs.
  
Le processus d’attribution de la licence 3G en Algérie est officiellement lancé.  L’octroi provisoire des licences aura lieu le 23 octobre et la mise en œuvre commerciale au premier trimestre 2012. Ces échéances sont-elles réalistes ? Hamoui en doute un peu, laissant insinuer qu’il sera difficile d’être au rendez-vous de la « 3G » en Algérie à ces dates. Le débat est en tout cas ouvert sur ce défi autant technologique que politique car il engage tout un gouvernement.