«Le limogeage de Djazeri est une décision d’état !»

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Deux PDG ont quitté Algérie Télécoms en moins de six mois, un turn-over qui a suscité de nombreux questionnement de la part des observateurs. M. Boudjemâa Haichour, ministre de la poste et des technologies de l’information et de la communication, a littéralement invoqué la raison d’état pour justifier le récent limogeage de M Djazeri qui était aux commandes d’AT (Algérie télécoms). Par Said Elyane

Dans son intervention, Haichour a déclaré que « c’est en ma qualité de ministre que j’ai convoqué une réunion de l’assemblée générale du conseil d’administration d’Algérie télécoms (AT), lequel, sur la base de données et d’un audit internes que nous connaissons, a décidé de la révocation de l’ex Pdg qui a été au service de l’opérateur historique dès l’année 2005. » Par ailleurs, il affirme que cette décision rentre dans l’ordre naturel des choses et ne revêt aucune connotation subjective. Puisque, a-t-il ajouté « le départ de M Djaziri n’a été dicté ni par un motif régionaliste ni par un intérêt particulier. » Nous respectons les hommes, et j’assume au nom de l’état le fait d’avoir mis fin aux fonctions de l’ex PDG d’AT ! » A encore décrété le premier responsable algérien des télécoms qui a estimé que suspension des fonctions à un poste tel que celui de PDG relevait du code du commerce et du conseil d’administration de l’entreprise.

Ces déclarations qui viennent quelque peu apaiser l’opinion après que la presse algérienne ait rapporté que limogeage de M Djaziri était entouré de nombreux non dits et même émaillé de scandales et de rumeurs, sont intervenus alors que le ministre installait hier dans ses nouvelles fonctions Mme Derdouri à la tête de l’ARPT (autorité de régulation de la poste et des télécommunications) en remplacement de M Belfodil.

Mme Derdouri est une dame dont le profil répond à celui d’un manager au long cours ; vu que cette dernière a à son actif la gestion de différentes structures relevant du département de M Haraoubia, ministre de l’enseignement supérieur. Un profil de manager accompli dont semble également jouir M Benhamdi, le nouveau patron d’Algérie télécoms, ancien informaticien du Cerist et qui est très connu pour sa force de conviction et sa volonté affichée de faire aboutir le secteur des télécoms algériens à son plein rendement et le mettre au service de l’environnement économique algérien.

M Haichour a déclaré par ailleurs que le turn-over qui frappe actuellement de plein fouet son secteur, bien qu’il suscite l’interrogation des observateurs, est tout à fait naturel et commun à toutes les autres entreprises de par le monde. Néanmoins le représentant de l’état a reconnu que ce phénomène était la résultante d’un cumul et d’un passif d’erreurs enregistrées initialement, c’est-à-dire à la naissance de l’entité Algérie télécoms. Enfin, M Haichour a été interpellé sur la sempiternelle question de l’ouverture du capital de l’opérateur historique ; ce à quoi il a répliqué que cette ouverture imminente obéit à l’impératif d’un partenariat stratégique recherché par AT.

Tout en évoquant le bureau d’études Santanders dont la contribution participe au succès à cette ouverture, M Haichour a clairement indiqué que l’ouverture du capital dicté par une politique sectorielle, ne compromet en rien la politique d’emploi de cette entreprise qui voit désormais le nombre de ses employés grandir d’année en année. « De 45 000 quarante cinq mille, le nombre des employés au sein d’AT passe à 200 0000 » a-t-il précisé. L’ouverture du capital apportera l’expertise à AT et préservera l’emploi. A-t-il conclu.