« Il faut aller vers la création de pôles de technologies de l’information »

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Sylvie Reforzo est l’organisatrice de plusieurs événements professionnels spécialisés dans le secteur des technologies de l’information depuis 1996. En Algérie, sa société organise depuis quatre années régulièrement des rencontres d’affaires à travers un salon à forte valeur ajoutée intitulé Med-It.

Sa démarche s’inscrit dans une optique de développement international des sociétés de pays divers (Françaises, Marocaines, Tunisiennes, Algérienne..) activant dans le secteur des Technologies de l’Information. Elle œuvre au rapprochement d’entreprises de même métier ou ayant des métiers complémentaires afin de fonder des relations de partenariats fondés sur un principe gagnant-gagnant. Elle a bien voulue répondre à nos questions à la fin de la 4ème édition du Med-It 2007 d’Alger. (Interviewée par Hamid A)

-Mobilealgerie.com : Comment s’est présentée cette nouvelle édition, et
quel bilan faites vous ?

-Sylvie ……Pour le bilan de la 4ème édition du Med-It 2007, il y a lieu déjà
d’afficher une grande satisfaction quant au chapitre exposants, où malgré les
évènement douloureux qui se sont passés une semaine avant l’événement, l’on
constate que la majorité des exposants sont présents, tout en sachant qu’il y a
60% d’entreprises étrangères (Françaises, Marocaines, Tunisiennes, Suisses…)
donc tout le monde est là et donc on est très contents. Toujours pour le bilan,
nous avons enregistré 100 exposants (contre 80 l’année dernière), c’est très
positif.

Il y a lieu de parler aussi de la qualité des exposants, des produits et des
solutions proposés qui sont d’un niveau intéressant pour les visiteurs en
particulier. Nous citerons les solutions de la voix sur IP, des solutions pour
les Call Center, des solutions pour la gestion électronique des documents, la
sécurité informatique…en plus de beaucoup d’acteurs agissant dans le domaine des
télécoms en général, globalement, c’est un panel assez varié et riche.

D’autre part, le volet visiteur est pour nous une autre satisfaction vue la
grande affluence de professionnels, car faut-il le rappeler, c’est un salon de
professionnels destiné à une population très ciblée allant des directeurs
informatique aux directeurs marketing au sein des administration et des
entreprise Algériennes

– L’un des thèmes importants retenu pour cette édition est les Call Center à
travers l’exposition de certaines expériences. Pourquoi ce secteur à du mal à
décoller en Algérie ?

– Il est vrai que l’Autorité de Régulation (ARPT) a libéralisé un petit peu le
secteur, mais fort et de remarquer que ce secteur ne décolle pas. Je pense qu’il
faut peut-être communiquer encore plus sur ce créneau pour que tout le monde
soit informé. Les Call Center nécessitent d’importants investissements, et pour
bien vous éclairer, je préfère laisser la parole à deux de nos exposants qui
sont ici présents, la société SADNET représentée par son directeur Mebarek
Boukaaba et aussi l’intéressante expérience de « PRO2C Tunisie » installée en
Tunisie et représentée ici par Geneviève Fabresse.


Mebarek Boukaaba (SADNET): Je confirme ce que vient de dire
madame Réforgeo concernant l’ouverture du champ organisationnel, juridique et
réglementaire concernant les centres d’appels. Si la levée des contraintes
financières a été faite, il faut quand même un certain temps à mon avis pour que
certaines entreprises réagissent.

Il y’a un véritable besoin pour cette nouvelle activité qui demande des efforts
financiers importants, donc ce secteur prendra son envolée, à mon avis à partir
de l’année prochaine, mais déjà, on sent qu’il y’a un très fort intérêt des
entrepreneurs algériens pour se lancer dans le domaine, il y’a des composantes
technologiques qu’ils ne maîtrisent pas encore et pour lesquelles il existe des
propositions qui viennent d’un peu partout, des propositions de solutions
technologiques pour le marché national.

J’estime qu’il est encore prématuré pour que les Call Center soient une activité
rentable au niveau national mais nous avons une opportunité qui est l’offshore
(la délocalisation) qui est très importante et qui permet de rivaliser assez
rapidement principalement pour les pays francophones.

Il y’a en Algérie un personnel qualifié qui s’exprime en français, relativement
nombreux au même titre, d’ailleurs, qu’en Tunisie et au Maroc. je pense qu’il
y’a beaucoup d’emplois qui peuvent être créés dans ce secteur là, ensuite dans
une deuxième phase viendront les besoins nationaux orientés vers la satisfaction
du client, des clients politiques, des clients économiques, des clients qu’il
faut démarcher.

L’avantage de l’efficacité des centres d’appels n’est plus à démontrer, je pense
que dans les années à venir, on assistera à l’installation en grand nombre de
centres d’appels afin de remplir leur rôle qui est celui de l’information et de
la satisfaction du client


Geneviève Fabresse (PRO2C): Ce dont je peux témoigner à travers
l’expérience de la création de notre entreprise, c’est qu’en fait, contrairement
à ce que l’on peut imaginer, la création d’un centre d’appel n’est pas simple,
cela nécessite de mettre en œuvre non seulement des moyens techniques importants
mais aussi de disposer de locaux adaptés à l’activité. Après la mise en place de
la technique, il restera le volet des ressources humaines, la montée en
compétence de tous les collaborateurs et leur maintien pour stabiliser les
activités et capitaliser le savoir faire de l’entreprise.

Aujourd’hui en Algérie nous sommes encore dans une ère pionnière, puis si un
centre d’appel ouvre aujourd’hui il ne va pas disposer sur le marché, de
collaborateurs qui soient au moins sensibilisés à ce type d’activité, donc tout
est à faire ; il faut d’abord travailler sur la sélection des collaborateurs
avec un critère primordial qui est celui de la maîtrise linguistique (français,
Italien ..etc). C’est une opération qui nécessite beaucoup de formation car il
ne suffit pas de maîtriser la langue, mais de comprendre aussi l’environnement
culturel du client, bref, il faut maîtriser tous les outils : se familiariser
avec l’ordinateur, être capable d’utiliser en même temps un ordinateur et un
téléphone, maîtriser les techniques de communication, comprendre
l’environnement, le métier, la nature du service.

Tout ceci fait qu’en Algérie aujourd’hui, comme ce fut le cas en Tunisie et au
Maroc il y a cinq ans, les centres d’appels ne peuvent pas décoller du jour au
lendemain, c’est une maturation qui doit s’opérer au-delà des problèmes
techniques, de réglementation qui nécessitent du temps, on ne peux pas refaire
l’économie nous même, aujourd’hui nous sommes en perspective de développement.

Ici à Alger, si l’on réussit à déployer notre entreprise PRO2C, nous savons déjà
que le temps de la mise en place des ressources adéquates (montées en
compétences des collaborateurs, capitalisation du savoir faire minimum…) sera
long, mais il n’y a aucune raison que l’on ne réussisse pas ce que l’on a réussi
à Tunis ou à Casablanca. Au contraire je pense que les ressources aujourd’hui
ici à Alger sont plus francophones (culturellement) et cela représente un plus
que l’on ne peut que valoriser.

– En quoi un tel salon pourrait contribuer au développement des TIC en
Algérie ?

– Parce qu’en France et dans les autres pays, il existe des disponibilités de
produits qui ne sont pas encore arrivés sur votre marché. Le fait que des
éditeurs français de logiciels recherchent des partenaires et que cela est
directement accessible ici est, je pense, intéressant pour les acteurs Algériens
des secteurs de la technologie de la formation en vue de diversifier leurs
activités à travers des partenariats fructifères qu’ils pourront dénicher à
travers ce salon.

– Connaissant les pays du Maghreb, comment appréciez vous le niveau de
l’Algérie dans ce domaine?

– L’Algérie représente un marché énorme, il y’a des besoins qui se font
ressentir un peux partout. L’on remarque depuis quatre ans que l’on organise le
salon Med-It, une importante évolution dans l’utilisation des technologies de
l’information par les entreprises et les administrations, il y a donc un réel
développement grâce entre autre à l’ADSL qui est accessible de plus en plus et
qui permet de développer le nombre d’usagers, la technologie, le mail, l’échange
de données, de fichiers etc.

Pour répondre à votre question, le marché Algérien et beaucoup plus important
que celui de la Tunisie, par contre il me semble qu’il y a un certain besoin
(pressant) en matière de formation, et si l’on prend par exemple, les Call
Center et tout ce que vient de dire Genviéve Fabresse, il faut vraiment former
les gens à ces nouveaux métiers si l’on veut que le développement continue. Il y
a donc un grand potentiel ici, mais il y’a aussi un réel besoin de formations
même si vous avez des gens issus de très bonnes écoles, je crois qu’il faut
encore former les gens.

– A votre avis quelles sont les priorités en terme d’investissement
auxquelles doit s’intéresser l’Algérie

– En Algérie, il existe beaucoup de choses en matière d’infrastructures. Je
croix que déjà l’Algérie est bien équipée notamment avec la fibre optique, l’ADSL
et le WIMAX. Je pense que les infrastructures y sont aujourd’hui. Peut être
faudrait-il progresser, en baissant les tarifs de l’ADSL par exemple.

Mais, à mon avis, ce qu’il faut développer c’est le contenu, parce qu’une fois
que les infrastructures sont là, il faut trouver des contenus intéressants et
c’est pour cela que l’on a organisé des conférences sur l’administration en
ligne, car si l’administration y met des contenus intéressants pour les
citoyens, tout le monde va vouloir se connecter. Par exemple pouvoir obtenir une
fiche d’état civil. je pense qu’il faut aider les sociétés et les petites
entreprises qui proposent des contenus.

La troisième chose, c’est inévitablement la formation, il faut favoriser toutes
les filières de formations autour des technologies de l’information, des écoles
d’ingénieurs aussi bien que les infrastructures qui représentent la partie
technique. J’attire l’attention sur une chose très importante, il faut aller
vers la création de pôles de technologies de l’information, c’est important en
terme d’investissement.

– Un dernier mot

– Je suis très heureuse de pouvoir créer des partenariats entre des sociétés
Algériennes, Tunisiennes, Françaises…avec le souci d’une relation
gagnant-gagnant, mais aussi des relations humaines, apprendre à se connaître,
travailler sur des projets ensemble avec le cœur et une envie de réaliser des
choses intéressantes avec des gens qui veulent travailler avec les algériens.
C’est le message que je veux faire passer.